Il est des instants rares où l’on touche à l’essence du terroir, à sa beauté brute, à son histoire profonde. Le vol en montgolfière en fait partie. Et en Bourgogne, cette expérience prend une dimension toute particulière : ici, le vin ne se contente pas de naître dans les sols, il se raconte dans les paysages. Depuis les airs, les parcelles se dessinent comme une calligraphie du goût, les villages viticoles se révèlent sous un angle inédit, et les lumières dorées du matin viennent sublimer des siècles de tradition viticole.
À travers la Dombes, le Beaujolais ou la Côte-d’Or, chaque envol est une immersion poétique dans un patrimoine vivant. Voici un tour d’horizon de ces baptêmes de l’air qui enchantent autant les amateurs de vin que les esthètes du paysage.
Sommaire
Au départ de la Dombes : entre étangs et premières vignes
Si l’on pense d’abord à la vigne en Bourgogne, c’est pourtant la Dombes, ce pays aux mille étangs, qui offre un premier envol étonnant. Située à la lisière est de la région, entre Bourgogne et Bresse, la Dombes dévoile un patchwork aquatique fascinant vu du ciel. À l’aube, les brumes flottent sur les plans d’eau, et les reflets miroitants créent une atmosphère presque surnaturelle.
C’est un baptême idéal pour les curieux, les contemplatifs, ou ceux qui souhaitent aborder la Bourgogne autrement. Peu à peu, à mesure que le ballon se déplace vers l’ouest, les reliefs doux annoncent l’arrivée dans le pays des vignes. On survole les premières parcelles du Mâconnais, les haies, les petits clos, les chemins de pierres blanches. Le lien entre la nature sauvage des étangs et l’ordre méticuleux des vignes devient évident, presque symbolique : la Bourgogne, c’est l’alliance du vivant et du maîtrisé.
Le Beaujolais en montgolfière : des crus en camaïeux de lumière
Plus au sud, à cheval entre Bourgogne et Auvergne-Rhône-Alpes, le Beaujolais déploie ses collines rythmées comme une mer de vigne en perpétuel mouvement. En automne, c’est un feu d’artifice de couleurs : ambre, rubis, cuivre. Mais quelle que soit la saison, le survol du Beaujolais est une expérience vibrante.
Les montgolfières partent souvent des alentours de Villefranche-sur-Saône ou du côté des Pierres Dorées, et prennent la direction des grands crus. En altitude, on devine les contours de Morgon, Fleurie, Brouilly ou Juliénas. Pour les amateurs éclairés, c’est un bonheur de retrouver depuis le ciel des noms familiers, désormais incarnés par leur terroir. On comprend mieux la notion de climat, la diversité des expositions, l’importance du relief.
Et puis, il y a cette lumière particulière, presque méditerranéenne, qui baigne les coteaux. Elle révèle la beauté du granite rose, les murs de pierres sèches, les toits bruns. L’air est calme, le vent vous porte doucement, et pendant une heure, vous êtes invité au plus beau des banquets visuels.
Beaune et la Côte-d’Or : survol mythique des grands noms en montgolfière
Mais s’il est un vol qui fait frissonner les passionnés d’œnologie, c’est bien celui qui décolle de Beaune pour survoler la Côte-d’Or, cœur battant de la Bourgogne viticole. D’ici, tout commence. Ou plutôt, tout se révèle.
Depuis les abords de la ville, connue pour ses Hospices, les montgolfières s’élèvent au petit matin. Le spectacle est immédiat : Pommard, Volnay, Meursault, Puligny-Montrachet… Chaque nom résonne comme un mythe, chaque rang de vigne est un écho à des siècles d’attention et de savoir-faire.
Du ciel, les climats se dessinent clairement. On distingue les murets, les chemins, les croupes qui orientent les ceps différemment. La notion de parcelle prend tout son sens. Il ne s’agit plus seulement de lecture technique ou de discours œnologique : on voit, on ressent le dialogue entre la terre et le vigneron.
Plus au nord, si les vents sont favorables, le vol peut se prolonger vers la Côte de Nuits, avec ses joyaux : Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges. Une sorte de pèlerinage silencieux, en apesanteur, au-dessus des temples du Pinot Noir.
Une autre manière de goûter la Bourgogne
Voler en montgolfière en Bourgogne n’est pas seulement un loisir aérien. C’est un prolongement sensible de la dégustation, comprendre d’un regard ce que les livres tentent d’expliquer : l’influence de l’altitude, de l’exposition, des sols, de l’eau et du vent. C’est ressentir la Bourgogne dans sa verticalité, du sol au ciel, du cep à la lumière.
La plupart des prestataires proposent des formules simples : vol d’environ 1h de montgolfière, transport, collation au sol, voire coupe de crémant à l’atterrissage. Certains vols peuvent être combinés à des visites de caves ou des dégustations commentées, pour prolonger l’émerveillement.
Pour l’amateur de vin, c’est une expérience inoubliable. Une façon de redécouvrir des terroirs qu’on croyait connaître, de les voir d’un œil neuf, de les aimer encore davantage.
